Les chroniques de Lili - Une star est née

Les chroniques de Lili

On demande des figurants pour le tournage de la « Divine Emilie ». Cette petite annonce dans le journal attire mon attention, pourquoi pas moi ?

Présentez-vous à l'hôtel de ville de Nancy pour être sélectionnée ! Pas d'hésitation, je fonce, ce serait une belle expérience, on se voit déjà évoluer dans les grands salons, car les figurants sont recrutés pour le bal.
J't'en cause pas la file d'attente, tout ça pour remplir une fiche sur ta personne : âge, taille, poids, pointure pour terminer par une voire deux photos de ta tête, bien entendu, mais également du buste, pour juger de votre devanture qui sera mise en valeur dans un costume.

Et puis c'est l'attente après un « on vous contactera ». C'est là qu'on commence à espérer et à rêver, mais vu la pile de fiches sur le comptoir la mienne a dû repasser en dessous.

C'est quand on ne s'y attend plus qu'une voix vous dit au téléphone « vous pouvez venir essayer un costume ? ». Fallait pas le dire deux fois, une petite douche histoire de se rafraîchir, et je file pour l'essayage. Il a fallu attendre un certain temps avant de passer entre les mains de l'habilleuse et enfiler plusieurs robes et tout ce qui devait aller avec (jupon, corset, bas, chaussures, etc...). MIRACLE ! Je suis rentrée dans tout et la sélectionneuse m'a dit « soyez lundi 9 avril à 8 heures sur les lieux du tournage, vous vous y retrouverez avec environ 80 figurants, une vingtaine de danseurs issus du ballet de Lorraine et les principaux comédiens. »  C'est-à-dire Léa Drucker (Emilie du Châtelet), Hugo Sélignac (Saint Lambert), Thierry Frémont (Voltaire), Astrid Bergès-Frisbey (Marquise de Boufflers) et Lionnel Astier (Roi Stanislas) !
- Touche du bois Lili, avec tout ce beau monde, tu vas évoluer dans le grand salon du palais du Gouverneur à Nancy !
Les auteurs su scénario Elisabeth Badinter et Chantal de Rudder seront également présentes et costumées.

Quelle grande journée, je pointe ce fameux lundi à 8 heures pile et c'est la queue partout, je ne serai prête qu'à environ 11 heures.
C'est d'abord l'habillage, une personne s'occupe personnellement de moi. Il me faut tout enlever, à part la petite culotte, qui bien que n'étant pas d'époque, j'ai pu garder. Jupon, bas et chaussures, on est à l'aise mais le corset dont il a fallu serrer le lacet, la respiration devient plus difficile et on avait intérêt à bien installer les occupants de celui-ci qui allaient être enserrés pour le restant de la journée, mais maintenus comme ils l'étaient, ils ne risquaient pas de tenter de tomber ni se s'échapper.

Ensuite, à nouveau en file d'attente pour le maquillage, ça y va le poudre partout jusque la devanture, et enfin la coiffure, un petit rajout à vos cheveux par une perruque de même teinte, piquée d'épingles en veux-tu en voilà, on ne voyait pas de différence. Ah, j'oubliais... Un collier, une bague et j'étais pas si mal que ça !
Un peu d'émotion quand même, il va falloir me montrer à la hauteur...

Tout le monde se rend au Palais du Gouverneur, quel tohu-bohu, les danseurs font leur répétition pour être au top, les figurants sont placés par çi, par là, dans une atmosphère tendue et bruyante, il fait très chaud, les fenêtres seront fermées au moment de la prise définitive.

5, 4, 3, 2, 1, la musique démarre, au centre les danseurs sont partis pour un menuet, tandis que les figurants se dispersent dans la salle de bal en faisant la causette, en buvant un verre ou en mangeant des gâteaux. Et moi dans tout ça, je rayonne, pensez, dans mes beaux atours, j'évolue telle une elfe, je prends part à une conversation avec quelques gestes, sans oublier une révérence quand j'arrive à la hauteur du Roi Stanislas.
Et il a fallu recommencer, et recommencer tout en se plaçant dans différents endroits, suivant les instructions de la productrice Françoise Castro, et supporter les retouches de maquillage, et ce, jusqu'à 19h30 !

Quelle formidable journée, bien qu'épuisée, j'ai pris du plaisir à évoluer dans les coulisses de ce tournage où régnait une bonne entente ! A regret, j'ai rendu mes atours, mais j'ai pu respirer un bon coup lors de la libération d'une partie de mon anatomie !!!!